La vulnérabilité : un incontournable ?

Nous avons tous, un jour ou l’autre, ressenti cette hésitation avant de nous livrer.

Ce moment où une partie de nous voudrait exprimer une émotion sincère, une peur, un doute… mais où une autre nous souffle qu’il vaut mieux se taire, rester fort, ne rien laisser paraître, que ce serait trop risqué.

Dans un monde où la maîtrise et la performance sont souvent glorifiées, la vulnérabilité est encore bien trop souvent perçue comme une faille, un risque d’être blessé.

Mais alors pourquoi ne nous montrons pas plus vulnérable ?

La peur du rejet est l’un des freins majeurs à la vulnérabilité. Nous avons appris, parfois dès l’enfance, que montrer nos failles pouvait nous exposer à la moquerie, au jugement, à l'incompréhension, voire à l’exclusion. Pour nous en protéger, nous avons érigé des murs et des barrières prafois infranchissables : nous souhaitons contrôler ce que nous laissons voir de nous-mêmes, nous tentons de masquer nos incertitudes derrière des sourires polis, nous entraînons nos talents d'acteur pour jouer des rôles qui corresponde à ce que l'on imagine des attentes des Autres.

Mais à cela s’ajoutent surtout l'armada de croyances limitantes plus ou moins ancrées en nous et qui nous empêche bien souvent de sortir de ces murs et barrières que l'on finit par juger confortable, quand bien même ils ont plus tendance à nous étouffer qu'à nous soutenir.

Ces idées faussées nous enferment dans une posture de retenue, nous privant ainsi d’une dimension essentielle des relations humaines : l’authenticité. Elles maintiennent nos masques, nos contentions émotionnelles, nos évitements. Et finalement, ce qu'elle nous empêche le plus de vivre, ce sont des relations où on pourrait être vu, accepté, validé, valorisé et aimé tel que nous sommes, ni plus ni moins.

Contrairement à ce que l’on pense encore trop spontanément croire, la vulnérabilité n’est pas synonyme de fragilité, bien au contraire ! Elle demande du courage, la capacité à prendre des risques, à tranquilliser suffisamment la peur qui nous tord parfois les entrailles et nous dit de ne rien dire, de faire comme si tout allait bien. Il faut une force intérieure considérable (mais pas inatteignable) pour oser se montrer tel que l’on est, sans masque, sans armure.

Jaak Panksepp, chercheur en neurosciences, identifie la vulnérabilité comme l’un des trois piliers de l’Amour, aux côtés du soin et du désir. C’est elle qui nous permet de tisser des liens profonds, de créer une véritable connexion avec l’autre. Lorsque nous acceptons de nous dévoiler, nous donnons aussi la permission à l’autre de faire de même. Mais nous permettons aussi à l'Autre de prendre soin de nous !

Pas de vulnérabilité, pas de sollicitude ! Et si l'Autre ne peut pas activer ce pôle là dans la relation, il sera aussi priver d'un des piliers dans la construction de ses sentiments d'attachement envers le/la partenaire (amoureux, amical, familial, professionnel). On a donc tout intérêt à se permettre ce genre de dynamique pour que les piliers soient accessibles des deux côtés !

Nos échanges deviennent alors plus sincères, plus fluides, plus vivants.

Loin de nous affaiblir, la vulnérabilité nous rapproche et nous humanise. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas seuls dans nos doutes et nos émotions, que chacun, à sa manière, porte ses propres fragilités et que chacun, à sa manière, peut trouver une place temporaire dans le soutien et l'aide apporté à ces fragilités.

Pourquoi temporaire ?

Parce que, comme tout, il s'agit de trouver la mesure.

"Trop de vulnérabilité" ou "trop de sollicitude" peut faire glisser dans des jeux relationnels moins fonctionnels comme celui dont parle le triange de Karpman.

Il ne s’agit pas de se livrer à tout-va ni de tout exposer sans filtre, ni non plus à n'importe qui d'ailleurs !

La vulnérabilité s’apprivoise avec nuance et discernement. Elle commence d’abord par un travail intérieur : apprendre à accepter ses émotions, à reconnaître ses peurs sans les juger, à accueillir sa propre sensibilité comme une richesse.

S’entourer de personnes bienveillantes est aussi essentiel. Exprimer sa vulnérabilité nécessite un cadre sécurisant, des relations où l’on se sent écouté et compris. Il peut être aidant de commencer par de petites ouvertures : confier une pensée, un ressenti, observer comment cela est accueilli, et petit à petit, élargir cet espace d’expression.

Enfin, il est important de se rappeler que la vulnérabilité n’est pas un aveu de faiblesse, mais un acte de courage. En osant nous montrer tels que nous sommes, nous nous donnons la possibilité d’être aimés et acceptés pour notre véritable nature, et non pour une version édulcorée de nous-mêmes.

A la fois guide et support, nos émotions nous permettent bien souvent de repérer, comprendre et cheminer avec nos vulnérabilités ! C'est aussi en nous appuyant dessus et en entraînant notre capacité de régulation émotionnelle que le partage de nos zones d'ombre s'en voit faciliter, voire même de plus en plus lumineuse !

Chaque fois que nous choisissons l’authenticité au lieu du contrôle, nous nous offrons la chance d’une connexion plus sincère, plus vivante.

Alors, la prochaine fois que vous sentirez cette hésitation avant de vous livrer, posez-vous cette question : et si c’était, justement, le moment d’oser ?

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